Nous partons avant le coucher du soleil, bercés par la longue houle de l'Atlantique. Il fait frais mais nous descendons vers le sud et la navigation promet d'être agréable.
Nous naviguons assez proches des côtes marocaines donc il faut veiller aux cargos et aux bateaux de pêche qui arborent des feux de navigation pas toujours académiques : clignotants bleu, rouge, vert, jaune...
Les conditions de navigation sont parfaites et les filles sont étonnées de ne pas être malades et de pouvoir jouer autant : peinture, pâte à sel, fabrication de sablés, playmobils, fabrication de masques, jeux de cartes, de constructions et même baignade ! Le bateau est presque à plat, la mer est plate et nous avançons sous voiles, en silence, nous-même épatés par tant de tranquillité.
Pour agrémenter les journées, les dauphins nous rendent visite régulièrement et nous apercevons même deux tortues !
Nous sommes très lents et comme nous le pressentions, Noël devra se faire en mer. Le 24, nous préparons notre repas de réveillon : pâtes de Noël et gâteau au chocolat de Noël ! Les filles sont un peu inquiètes, elles se demandent comment le Père Noël va pouvoir apporter les cadeaux et comment va-t-il faire pour tromper la vigilance de papa et maman qui sont éveillés à tour de rôle la nuit... Mais comme il est magique il s'en sort et les cadeaux sont bien là au matin du 25 décembre. Par contre les conditions de navigation sont beaucoup plus agitées et le montage des Lego finit par faire tourner les estomacs. Nous remballons tout et la suite de la journée est passée à somnoler en attendant d'arriver.
Le 26 décembre à 3h du matin nous arrivons dans le chenal entre La Graciosa et Lanzarote. Nous entrons au moteur car le vent est retombé mais après une centaine de mètres le vent forcit jusqu'à atteindre 30 nœuds et nous ne voyons pas où nous pourrions mouiller dans ces conditions, surtout de nuit et toujours sans guindeau. Nous allons nous réfugier au port de Caleta del Sebo où le monsieur de la sécurité nous aide à nous amarrer mais nous précise qu'il faudra partir dès le lendemain matin car nous n'avons pas réservé. Il veut à peine toucher nos aussières, a mis son masque pour nous parler à plus de 3m et nous parle de police, de quarantaine, nous dit que nous n'avons pas le droit d'aller à terre. Nous avons du mal à trouver le sommeil, ne sachant pas trop à quelle sauce nous allons être mangés.
Le lendemain matin, nous faisons la réservation en ligne pour le port et en attendant, nous demandons l'autorisation de rester jusqu'à ce que le vent mollisse. Surprise, on nous attribue une place au ponton sous les yeux ébahis du couple d'habitué qui a suivi l'affaire et qui nous confirme que nous avons une chance folle. La semaine passée, une quinzaine de bateaux se sont fait refouler. Nous pouvons souffler, heureux d'être là et de pouvoir profiter de la Graciosa !
Cette première longue navigation (6 jours) s'est vraiment bien passée. Les filles ne se sont pas ennuyées contrairement à ce que l'on pouvait craindre. Il faut dire qu'on a mis de l'énergie pour ne pas que ça arrive : il a fallu tirer un trait sur nos lectures tranquilles, nos rêveries solitaires, nos repos à la carte... La difficulté a surtout été de récupérer des quarts alors que les filles jouaient à côté en ayant du mal à ne pas faire trop de bruit. Les boules Quies sont devenues nos alliées !